Le rôle des fortifications dans la défense du Roman Pays de Brabant vers 1200
Samenvatting
L’intérêt porté par quelques historiens aux anciennes fortifications du Roman Pays de Brabant s’explique aisément. La région est parsemée de leurs vestiges et, grâce à l’existence de plusieurs sources narratives, il est possible de découvrir un pan de leur histoire. Malheureusement, les travaux consacrés à ces bâtiments se contentent généralement de les décrire plus ou moins sommairement.1 Nous n’y trouvons guère d’analyse sur le rôle joué par ces fortifcations en temps de guerre.2 Notre travail est une première approche et n’a pas l’ambition de couvrir l’ensemble des problématiques. Certains sujets seront donc délibérément ignorés comme le processus d’encastellement (incastellamento) qui par sa complexité mérite une étude propre.3 Nous limitons notre enquête à la fn du XIIe et au début du XIIIe siècle, une période riche en opérations militaires. Entre 1182 et 1195, les ducs de Brabant Godefroid III (r. 1142-1190) et Henri Ier (r. 1190-1235) s’opposent au comte de Hainaut Baudouin V (r. 1171-1195)4 . Le confit débute lorsque le comte de Hainaut tente de fortifer Lembeek, un village situé sur une frange de terre hainuyère qui s’enfonçait, tel un coin, dans le Brabant. Godefroid III ne pouvant l’accepter, commence alors une longue guerre caractérisée par une suite de coups de main et de trêves. Après plus d’une dizaine d’années, les hostilités cessent sans que l’un des camps puisse se targuer d’avoir vaincu son adversaire.5 Ensuite, jusqu’en 1213, Henri Ier fait face à l’évêque de Liège Hugues de Pierrepont (r. 1200-1229).6 Ces confits s’insèrent naturellement dans une opération diplomatique et militaire de plus grande envergure : la mainmise sur l’ensemble des régions qui constitueront le futur Roman Pays de Brabant.